De Ntambuka à Rubenga : l’exploitation du sable détruit en douceur l’île d’Idjwi
La destruction systématique de l’environnement, des infrastructures et de l’écosystème écologique du territoire d’Idjwi au Sud-Kivu se fait sentir de jour en jour, alertent plusieurs activistes de la société civile.
Pas plus tard
que ce vendredi 08 novembre 2024, la société civile du groupement Mpene en
chefferie Ntambuka alerte les autorités locales et provinciales sur la
destruction des infrastructures communautaires à cause de l’exploitation du
sable.
Le pont
Kisheke reliant les chefferies Rubenga et Ntambuka risque de s’écrouler suite à
l’exploitation de cette catégorie des matériaux de construction aux alentours
de cette infrastructure d’intérêt commun, s’inquiète Amos Buyeye, président de
la société civile Forces vives du gouvernement Mpene.
« Nous informons les autorités que le pont
Kisheke reliant les chefferies Ntambuka et Rubenga est dans un état critique et
risque de s’effondrer à cause de l’exploitation abusive du sable dans ses
environs. Ce pont acquis grâce aux efforts de l’association ADEKIL est
aujourd’hui menacé par certains particuliers à la recherche de leurs intérêts
égoïstes. Nous appelons les autorités à intervenir urgemment pour sauver cette
infrastructure communautaire », explique Amos Buyeye.
Sommes-nous dans une jungle ?
Des personnes s’improvisent et commencent l’exploitation dans tous les coins du territoire d’Idjwi. Cela provoque la destruction des infrastructures routières, les champs des populations détruits par des glissements de terrain et des érosions, la biodiversité aussi en paye le prix, tout ceci au vu des services techniques attitrés et des autorités politiques locales.
Le Méli-mélo de l’administration du
territoire
Pour tenter de
sauver ce qui peut encore l’être, l’administrateur de territoire d’Idjwi a pris
une décision en date du 16 mai 2024, pour tenter de stopper cette destruction
de la « case commune ».
Dans la
décision, Mamboleo Moustapha explique qu’une désorganisation est constatée dans
ce secteur, la dégradation des terres arables ainsi que les infrastructures
routières sur toute l’étendue du territoire insulaire d’Idjwi suite à cette
exploitation.
L’administrateur
note aussi que les exploitants ne respectent pas les textes légaux qui
régissent ce secteur et que les carrières non appropriées sont touchées,
provoquant ainsi des éboulements intempestifs de terres d’une part et
l’infertilité du sol d’autre part.
Une décision saluée par la majorité de la population, qui s’attend finalement aux avantages liés à leur première ressource naturelle exploitée depuis plusieurs décennies et à sa bonne réglementation.
Malheur et joie d’une courte durée
Quelques jours
plus tard et après une surprise désagréable pour tous, l’autorité territoriale
revient sur sa décision.
Mamboleo
Mustapha motive sa nouvelle mesure sur les affirmations des exploitants lors du
conseil de sécurité du territoire élargi tenu le 28 mai 2024 et dont les
exploitants (membres d’une association dénommée ATFMC) promettent de suivre les
exigences de la loi en la matière.
Moustapha
Mamboleo donne aussi un délai de 60 jours aux exploitants pour se conformer aux
exigences du Code minier de la RDC.
Lors de la
réouverture des activités, l’autorité promet de lister tous les sites exploitables,
les exploitants, les creuseurs, etc. Chose non réalisée jusqu’à présent.
Le SAEMAPE crie à une violation
manifeste de la loi.
Ce service
chargé de l’assistance et encadrement des creuseurs artisanaux en territoire
d’Idjwi est dès lors à couteau tiré avec les membres de l’association ATFMC.
Son chef de
bureau, Steve Chajingi, dénonce des menaces de mort contre sa personne et les
agents de son service sur terrain, mais aussi l’exploitation illicite des
carrières en solo par cette association.
Dans une lettre
du 22 août 2024 adressée à son chef du niveau provincial avec copie aux
autorités de la province du Sud-Kivu et celles du territoire d’Idjwi, Steve
Kasagwe Chajingi parle de la fourberie développée par l’Association de
Transports, Amateurs et Fournisseurs des Matériaux de Construction (ATFMC) dans
le secteur des matériaux de construction à Idjwi.
Le chef de
bureau du SAEMAPE Idjwi motive sa correspondance par l’article 5 du code minier
qui autorise seules les coopératives minières agréées dans l’exploitation des
substances minérales. Il fait aussi référence aux articles 14, 232 et 416 du
règlement minier en vigueur.
Réagissant à l’alerte de la société civile du groupement Mpene, Olivier Mayanga, président de l’ATFMC, se décharge de toute responsabilité. « Nous ne sommes pas exploitants, plutôt les armateurs. » Fin de citation.
Qui portera alors la responsabilité de
la destruction de l’île d’Idjwi ?
L’État
congolais à travers ses ministères sectoriels, l’administration du territoire
d’Idjwi et ses services techniques sont priés d’apporter des solutions aux
besoins prioritaires de la population locale et d’arrêter des mesures pour
vivre dans un environnement sain et stable. Le sable qui est la première
ressource d’Idjwi devrait contribuer à l’émergence de l’île pour les
générations actuelles et futures. Le contraire est un « génocide » qui ne dit
pas son nom, affirme un autre analyste.
L’élite
intellectuelle, les acteurs de la société civile, les politiques, les autorités
coutumières et toute la population devraient réfléchir à cette situation qui à
petit feu pousse l’île d’Idjwi à la disparition.
Entre temps,
Amos Buyeye cite d’autres infrastructures comme les ponts Chibalanganano,
Mwiri, Karhulo et Kishasha qui restent menacés par l’opération de l’extraction
du sable.
Richelieu
BYAMANA – LPA Sud-Kivu
Face à cette exploitation illicite du sable sur l, île d, idjwi, nous sollicitons aux services techniques de l, État attitrés de bien jouer leurs rôles de protection de l, écosystème et dela biodiversité à la fois. Qu,ils sachent que les éventuelles catastrophes qui adviendront à idjwi feront objet de leur irresponsabilité d,une part.