Uvira : la divergence des prix au cœur des tensions entre commerçants
Les petits commerçants de la ville d’Uvira, capitale du Sud-Kivu à l’est de la République démocratique du Congo, tirent de nouveau la sonnette d’alarme face à la vente de marchandises à bas prix dans les quartiers par des étrangers. Selon eux, cette pratique empêche une grande partie des clients de fréquenter les marchés. Des commerçants interrogés par LA PRESSE AFRICAINE expliquent depart et d'autres les avantage et inconvenient du climat de commerce à Uvira, caracterisé par la multiplication des commerçant etrangers dans cette zone frontaliere et très proche du Burundi.
Selon M. Miruho Jean, commerçant au marché zaïrois, le
non-respect des emplacements réservés à l’exercice du commerce par certains
vendeurs pénalise l’ensemble des commerçants locaux. Il craint que ces
pratiques n’aboutissent à des conflits, compte tenu de la concurrence
croissante, notamment de la part de commerçants venus du Burundi.
Les causes
de la divergence des prix
Les vendeurs de proximité venant du Burundi expliquent
leur prix bas par le souhait d’écouler rapidement leurs marchandises et de
gagner juste assez pour subvenir aux besoins de leur famille. Certaines indiscrétions
pensent qu’ils négligent expressément les règles commerciales de la RDC et
ignorent les avantages offerts par l’État, qui leur a pourtant mis des
emplacements à disposition pour exercer leurs activités.
« Nous préférons
vendre porte à porte parce que nous cherchons juste un petit gain pour subvenir
à nos besoins ménagers », déclare M. Placide Eliya, commerçant de proximité
originaire du Burundi.
Certains commerçants congolais du marché de Mulongwe,
se disent être des « esclaves » de la concurrence. Ils justifient cela par le
fait qu’ils doivent en effet s’acquitter des taxes et respecter les obligations
liées à l’exercice du commerce, alors que les commerçants étrangers vendent
sans payer ni taxes ni redevances en marchandant de porte à porte.
« Nous sommes
obligés d’augmenter un peu nos prix pour couvrir les charges de l’État et
dégager un bénéfice de survie ; cela crée un écart notable avec nos concurrents
», explique un commerçant exerçant au marché Zaïrois dans la commune de
Mulongwe.
Pourquoi
certains abandonnent les emplacements officiels
Malgré la mise à disposition d’un marché destiné aux
commerçants venus du Burundi, beaucoup continuent de vendre dans les quartiers.
Ces mouvements, en hausse, les exposent toutefois à des risques, notamment
d’accidents routiers.
« Nous avons
l’habitude de circuler avec nos marchandises dans les quartiers ; cela ne nous
dérange pas et nous n’offensons personne. Les clients apprécient même que nous
leur amenions les produits à domicile », se justifie un autre commerçant
burundais interrogé par notre reporter.
Responsabilité
des autorités pour prévenir les conflits
Les autorités locales sont appelées non seulement à
réguler les prix, mais aussi à faire respecter les périmètres d’activité afin
de prévenir les actions de justice populaire. M. Miruho Jean a lancé une alerte
pressante aux autorités : « Nous
demandons à l’État de tout remettre en ordre avant qu’il ne soit trop tard.
»
À noter, le commerce reste l’un des rares secteurs à conserver une activité relativement normale depuis la prise de certaines localités du Sud-Kivu par le groupe rebelle AFC/M23.
Rémy BASHIGE – LPA Sud-Kivu
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