Sud-Kivu : une centaine de leaders religieux et communautaires engagés dans la lutte contre la déforestation et le braconnage
Miti, Sud-Kivu, C’est une première dans l’histoire du Parc National de Kahuzi-Biega (PNKB) : une organisation autochtone, « Umoja wa Wambuti », a lancé ce lundi 04 Aout 2025, une campagne de sensibilisation inédite intitulée « Parc sans déforestation et sans braconnage », mobilisant plus d'une centaine de leaders religieux et communautaires.
Réunis dans la salle La Promesse, à Miti Centre, prêtres catholiques, pasteurs, évêques, shehe musulmans, chefs locaux, enseignants, vendeurs de braises et planches, ainsi que défenseurs des droits humains, ont répondu à l'appel pour dire « non » à la destruction du parc. Le sous-thème de la campagne « Napenda pori yangu, na nitaikinga » (J’aime ma forêt, je la protégerai) a donné le ton d’un engagement collectif et communautaire.
Un signal fort venu des peuples
autochtones pygmées.
Ciza Lushombo Félix , coordinateur de « Umoja wa Wambuti », affirme que le choix d’associer les figures religieuses n’est pas anodin. « Ces leaders touchent directement les consciences dans les églises, les mosquées, les villages. Ils peuvent porter le message de protection du parc jusqu’au cœur des familles qui, parfois sans le vouloir, participent à sa destruction », a-t-il déclaré.
Il rappelle aussi que la participation active des Pygmées, longtemps exclus des décisions sur la gestion des forêts, marque un tournant historique. « Nous ne voulons plus rester spectateurs et auteur de destruction, plutôt le pionnier de la sensibilisation. Le parc est aussi notre héritage, notre maison ancestrale », a-t-il ajouté.
Un
parc menacé comme jamais
Depuis la chute de plusieurs zones du Sud-Kivu et du Nord-Kivu aux mains du mouvement rebelle M23/AFC, le PNKB est soumis à des pressions croissantes. Les activités illégales s’y multiplient : braconnage intensif, production de braise, extraction artisanale de minerais, sciage clandestin de bois. Dans un contexte de pauvreté et d’insécurité, la forêt devient souvent un dernier recours pour la survie.
Une campagne communautaire qui se
construit
Cette activité fait suite à deux autres sessions organisées récemment par Umoja wa Wambuti, en partenariat avec des organisations locales de défense des droits humains. Les échanges ont été riches, parfois houleux, mais se sont terminés sur une note d’engagement : chacun s’est promis d’être un relais de sensibilisation dans sa communauté.
Les organisateurs espèrent que cette dynamique va s’étendre à d’autres localités riveraines du parc. « Le changement ne viendra pas des grandes décisions politiques seulement, mais du terrain, avec les communautés », conclut Ciza Lushombo.
A noter que cette activité a été financé par Espace réseau climat en collaboration avec wcs.
Hobereau Kitumaini – LPÄ Sud-Kivu
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