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lpa | 26 septembre 2025 | 811 vues

RDC : des millions de dollars, ces fonds des victimes de la guerre détournés (CREFDL)

Alors que les victimes de la guerre de Kisangani sont clochardisées, un rapport du CREFDL (Centre de Recherche en Finances Publiques et Développement Local) révèle la dilapidation de près de 195 millions de dollars, des fonds destinés à l'indemnisation des victimes de la guerre de l'Ouganda sur le sol congolais à Kisangani.

FRIVAO, Fonds spécial de Répartition et d’Indemnisation en Faveur des Victimes des Activités illicites de l’Ouganda en RDC, est cet établissement public, créé pour coordonner les activités d'indemnisation, qui fait aujourd'hui le canal qui a facilité le détournement apaisé des fonds de victimes.

D'après les recherches de CREFDL, qui a mené une enquête sur FRIVAO entre avril et août 2025, cette organisation indique que de janvier 2022 à décembre 2024, FRIVAO avait reçu un virement de 194,9 millions de dollars américains en provenance de l’Ouganda, dont 105 135 000$ devraient financer les indemnisations des victimes de la guerre de Kisangani.

Sur un total de 105 135 000 de dollars américains, FRIVAO n’a versé, jusqu’au 08 octobre 2024, que 2 088 136 de dollars américains, soit 1,98 %, d’indemnités aux victimes. Ce qui démontre qu’un total de plus de 103 millions USD n’a pas encore été payé.

Le CREFDL note aussi que les opérations faites n'ont pas été retracées conformément aux exigences de la loi des finances ni la reddition des comptes qui ne retracent l’encaissement de ce montant dans le compte de l’État et FRIVAO en tant qu’organisme public n’apparaît pas dans les documents budgétaires votés par le Parlement et promulgués par le Président de la République conformément aux articles 77, 83, 86 de la loi relative aux finances publiques et 126 de la Constitution.  

Ces pratiques constituent une violation manifeste des articles 21-24 de la loi nᵒ 08/009 du 07 juillet 2008 portant dispositions générales applicables aux établissements publics.

Le Centre de Recherche en Finances Publiques et Développement Local, constate que ces fonds ont été mouvementés dans au moins dix comptes bancaires ouverts à la Rawbank, dont 7 ont directement pour mandataire le ministre de la Justice, contrairement au décret portant création de FRIVAO, qui ne le désigne pas comme ordonnateur des dépenses.

Des dépenses engagées avec complaisance

Des grosses dépenses ont été faites avec complaisance entre le ministère de Justice et les mandataires de FRIVAO.

Des rémunérations et frais de fonctionnement de 822 797 dollars américains affectés à FRIVAO, des intérêts de 731 835,59 dollars américains générés par ce dépôt ont été virés au compte de fonctionnement de FRIVAO pour couvrir notamment la rémunération.

« En date du 04 avril 2024, un montant de 172 800 dollars américains a été payé au titre d’avance sur frais d’installation des membres du Conseil d’Administration et de ceux de la coordination sur les fonds destinés aux indemnisations. Ces fonds ont aussi servi à payer le per diem des consultants et experts, l’achat des véhicules pour le compte du secrétariat général du ministère de la Justice », lit-on dans ce rapport.

Plus grave, l’argent des victimes a même servi à financer les activités d’un bureau de change, dénommé CLIC CHANGE SARL, à hauteur de 4,2 millions. Il cite aussi le retrait en cash en faveur du ministre de la Justice.

« Le 18 septembre 2023, le ministre de la Justice, à travers son courrier du 11 septembre 2023, a ordonné au coordinateur de FRIVAO le transfert d’un montant de 2 648 750 dollars américains, soit 5 % du montant de 52 millions USD couvrant la quotité dédiée à la réparation des dommages causés aux victimes. Le 28 septembre 2023, suivant le chèque nᵒ 725206, le retrait de 1 500 000 dollars américains a été effectué en espèces », dénonce l'organisation.

CREFDL recommande au chef du Gouvernement de dissoudre FRIVAO et de confier la mission d’indemnisation des victimes à d'autres établissements. Et à la justice, de diligenter des enquêtes sérieuses afin d'arrêter les auteurs et complices de ces détournements.

 

Richelieu Byamana – LPA Sud-Kivu



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