Lancement du sous‑projet « Gestion du mécanisme des subventions » à Uvira : les entrepreneurs appelés à candidater et à transformer des produits locaux
La ville d’Uvira a accueilli ce vendredi 15 août 2025 le lancement officiel du sous‑projet « Gestion du mécanisme des subventions », mis en œuvre par la firme Kivu Entrepreneur – Deloitte. Conduit sur une durée de 24 mois, du 6 décembre 2024 au 5 décembre 2026, ce volet s’inscrit dans le cadre plus large du Projet de Facilitation du Commerce et d’Intégration dans la Région des Grands‑Lacs (PFCIGL), financé par l’Association internationale de développement (IDA) du Groupe de la Banque mondiale et placé sous la haute tutelle du gouvernement de la République démocratique du Congo.
La cérémonie s’est tenue dans la salle Auditorium des
femmes d’Uvira, capitale provisoire de la province du Sud‑Kivu à l’est de la
RDC. Le sous‑projet couvrira quatre sites prioritaires : la ville d’Uvira, les
cités de Kiliba et Sange, ainsi que le groupement d’Itara Luvungi. Il vise à
soutenir la transformation, la valorisation et la mise sur le marché de 14
produits agricoles locaux, parmi lesquels le maïs, le manioc, les pommes de
terre, la patate douce, la tomate, le lait, la viande, le poisson, le riz,
l’huile de palme, le soja, les fruits et les épices.
Joël Tembo, directeur général de Kivu Entrepreneur et
coordonnateur du sous‑projet, a expliqué que l’objectif principal est de lever
les contraintes qui freinent le commerce entre la RDC et ses voisins notamment
le Burundi tout en reconnaissant « le
rôle central des femmes commerçantes et des petits opérateurs économiques
». Selon lui, l’appel à candidatures lancé permettra de sélectionner des
opérateurs locaux, des organisations de femmes commerçantes, de jeunes
entrepreneurs et des prestataires techniques prêts à s’engager dans la
transformation du commerce transfrontalier.
Un enjeu
d’impact et d’emploi pour la jeunesse
Interrogé par La
Presse africaine, Tumaini Mayani Robert, jeune entrepreneur d’Uvira, a
salué l’allocation de fonds de la Banque mondiale mais appelé à plus d’impact
concret sur le terrain. « On a autant
entendu ce genre de projet… mais pas d’impact », a‑t‑il déclaré en exhortant
le PFCIGL à ne pas reproduire les erreurs du passé. Pour Mayani Robert, la
priorité doit être donnée à l’appui et aux subventions directes aux entreprises
congolaises (locales) afin de renforcer la production locale. Il a donné
l’exemple du marché des pâtes alimentaires, aujourd’hui dominé par des
importations chinoises, en estimant qu’une montée en capacité des producteurs
locaux permettrait de créer des emplois et d’assurer la sécurité économique
nationale.
« Rendre les
produits made in DRC compétitifs »
Thiery Kayembe, coordonnateur national du PFCIGL, a
rappelé que si le projet est souvent connu pour ses investissements en
infrastructures notamment dans la plaine de la Ruzizi sa mission dépasse ce
seul volet pour promouvoir activement les échanges commerciaux. « Pour commercer, il faut avoir la production
», a‑t‑il souligné, tout en insistant sur la faiblesse actuelle de la
production agricole et sur l’importance des activités de post‑récolte, de
transformation et de valorisation. Le mécanisme des subventions, a‑t‑il ajouté,
est l’outil conçu pour appuyer ces transformations afin de rendre les produits
congolais compétitifs sur les marchés régionaux.
Soutien
institutionnel et appel à la mobilisation
Représentant le gouverneur du Sud‑Kivu, Luganywa
Bashizi Didier, ministre de l’économie verte, de la Communication et porte‑parole
du gouvernement provincial, a indiqué que le commerce transfrontalier constitue
un pilier fondamental de l’économie locale, source de revenus pour des milliers
de petits commerçants en majorité des femmes et des jeunes. Il a reconnu les
obstacles persistants : insuffisance d’infrastructures, difficultés de
financement, lourdeurs administratives, insécurité aux postes frontières et
faible niveau d’organisation des commerçants.
À ce titre, le ministre a officiellement lancé le
mécanisme des subventions du PFCIGL, appelant les acteurs économiques du Sud‑Kivu
à en tirer profit. « Ce mécanisme va
bénéficier aux petits commerçants transfrontaliers, aux associations,
coopératives, agri‑preneurs et prestataires », a‑t‑il déclaré, félicitant
les équipes du PFCIGL, de Kivu Entrepreneur‑Deloitte, ainsi que les autorités
impliquées.
Pascal
BAHUNDE – LPA Sud-Kivu
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