À Idjwi, la perturbation climatique engloutit les projets de vie des familles
Le changement climatique est devenu une réalité aux yeux de la population insulaire d'Idjwi dans la province du Sud-Kivu à l'est de la République démocratique du Congo.
Depuis des décennies, les mois de juillet et août de chaque année étaient bien connus comme la période de la saison sèche, mais une nouvelle configuration se trace avec des conséquences incalculables sur le vécu de la population de territoires de la province du Sud-Kivu et particulièrement celle du territoire d'Idjwi.
Considérée comme la période la plus sûre pour certains de presser les briques cuites et les briques à adobes, afin de réaliser les projets de construction des maisons d'habitation, et pour d’autres une activité de commerce, cette année est plus que chaotique pour ces habitants.
Alors que certains ont lancé ces activités depuis mi-juillet, ils ont été obligés de les suspendre en juillet suite aux fortes pluies qui ont presque tout endommagé.
Une reprise d'activité bâclée
Ceux qui ont préféré surveiller la suite de l'environnement ont entamé les activités début août, avec d'autres qui ont encore tenté le coup. Le même scénario s'est produit le samedi 9 et le dimanche 10 août.
Des fortes pluies qui se sont abattues sur la majeure partie du territoire d'Idjwi la soirée du samedi et celle de dimanche ont provoqué d'énormes dégâts sur les projets de construction dans plusieurs villages.
Après notre ronde dans les villages Bugarula, Nkola, Bushonga, Mulamba, Bunyakiri et Kamole, des milliers de briques à adobes et cuites ont été détruites par ces pluies.
Jospin Bera, l'une des victimes, est complètement déçu après avoir perdu plus de 2300 briques pour son chantier.
Alors que plusieurs familles préparent ces matériaux de construction pendant la saison sèche pour les projets de construction de leurs maisons d'habitation et d'autres pour la vente, la perturbation de cette saison sèche impacte négativement ces familles et fait perdre les économies mises en jeu pour ces projets.
« J'ai débuté la construction de ma maison depuis juillet mais la pluie a endommagé toutes les briques alors que nous savons que les mois de juillet et août sont de la saison sèche. Nous ne savons plus quoi faire car les dépenses faites sont énormes », regrette-t-il.
Ceux qui devaient aussi presser des fours pour la vente ne comprennent plus rien de cette saison.
« J'ai engagé une équipe de 8 personnes pour me disponibiliser 50 000 briques à mettre sur le four, mais jusqu'à présent nous n'avons pas encore atteint 15 000 suite aux pluies à répétition », dit Chance, cet entrepreneur dans ce domaine.
D'autres habitants craignent que les chantiers en cours de construction ne s'écroulent avant l'achèvement.
Des cultivateurs aussi avec la peur au ventre
Du côté agriculture, les questionnements taraudent les esprits. La période pour laquelle la préparation des champs doit être faite est largement dépassée, alors que la pluie ne cesse de s'abattre.
Des agriculteurs contactés ne comprennent pas cette perturbation, qui a aussi un impact négatif sur la période de semis au cours de la saison culturale à venir.
« Je ne sais pas si la saison culturale sera faite dans ces conditions. Nos champs ne sont pas encore entretenus à cause de la pluie. J'ai aussi peur que nous fassions le semi et manquions la pluie afin de faire pousser nos semences », s'inquiète un paysan rencontré à Bunyakiri.
Les environnementalistes, agronomes et autres experts du domaine sont invités à orienter la population et à vulgariser les techniques d'adaptation aux effets du changement climatique.
Richelieu Byamana – Sud-Kivu
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