Uvira : le maire a.i. annonce un comité de crise pour combattre « l’ennemi interne »

Un conseil de sécurité élargi aux différentes couches de la population s’est tenu ce mardi 19 aout 2025 à la mairie d’Uvira, province du Sud-Kivu à l’est de la république démocratique du Congo. A la tête de la ville depuis maintenant six (6) mois, le maire par intérim Kifara Kapenda Kik’y a voulu ouvrir un « dialogue franc et constructif » avec les acteurs sociaux pour faire face aux menaces qui pèsent sur la ville.

Selon l’autorité urbaine, la menace n’est pas uniquement extérieure, celle de la rébellion de l’AFC-M23. « Il y a une menace de résistance, il y a une distraction, et qu'au-delà de l'ennemi qui est externe, il y a aussi les ennemis internes », a-t-il expliqué. « Les ennemis internes sont ceux-là qui développent des messages de psychose, des messages qui troublent la quiétude publique et des informations en faveur effectivement de cet ennemi externe. »

Un dialogue pour des solutions aux problèmes

Le conseil élargi a permis d’ouvrir un espace de concertation avec les représentants des quartiers, des leaders communautaires et des acteurs civils, afin d’élaborer des réponses locales adaptées à la situation sécuritaire.

Ce dialogue va dans le sens de décourager les divisions et de réveiller au sein des communautés l’esprit d’« Uzalendo ». « Nous avons déjà déclaré qu'Uvira ne tombera jamais, et que notre résistance puisse servir effectivement de modèle à Uzalendo », a affirmé le maire a.i, insistant sur la nécessité de transformer cet attachement en comportements et en solidarité active.

« Nous sommes à la tête de cette ville dans une période exceptionnelle, une période où nous sommes attaqués par une rébellion injuste, qui n'a qu'une seule ambition, celle de vouloir ravir nos territoires, et notamment spécifiquement le territoire et la ville d'Uvira », a poursuivi M. Kifara Kapenda Kik’y tout en insistant sur la démarche de consolider la résistance d’Uvira, aussi longtemps que l'ennemi fait tout pour arriver à occuper cette zone stratégique.

Mise en place d’un comité de crise et stratégie contre le tribalisme

Pour renforcer la coordination et la prise de décision en période de tension, le maire a.i a annoncé la création d’un comité de crise chargé d’épauler le conseil de sécurité local. Présentée comme une « stratégie » nécessaire, cette structure devra appuyer les efforts de consolidation de la paix et permettre l’adoption de mesures plus efficaces face aux menaces actuelles.

« C'est par rapport à la maladie qui gangrène notre société, et qui commence à devenir un danger qui ne permet pas au comité local de sécurité de pouvoir jouer correctement son travail », a expliqué le maire a.i. Il a cité en exemple le tribalisme, qu’il a qualifié de fléau infiltré dans les pratiques administratives et sociales : « Quand vous prenez telle ou telle décision, les gens interprètent comme si vous preniez cette décision au détriment de telle ou tel autre tribune. Or, ce n'est pas ce qui devrait nous caractériser. »

Le maire a insisté sur le besoin d’intégrer dans ce comité des personnalités reconnues pour leur attachement à l’intérêt général, des figures capables d’incarner l’« Uzalendo » et d’aider, dans une logique de neutralité, le comité local de sécurité à prendre des décisions sereines et légitimes. « Parmi les stratégies, il faut exactement choisir dans la société certaines notoriétés qui, exactement, reflètent ces Uzalendos là, qui peuvent aider le comité local de sécurité, dans toute la neutralité, à prendre certaines décisions », conclut l’autorité urbaine.

Pascal BAHUNDE – LPA Sud-Kivu