Quand les députés d'Idjwi bouffent des millions de dollars sur le dos de la population en souffrance (Habitants)
Le territoire insulaire d'Idjwi, centré dans le lac Kivu à l'est de la République démocratique du Congo, a fait élire deux députés nationaux et trois députés provinciaux, dont un coopté sous statut de chef coutumier. Malheureusement, certains habitants disent que ces parlementaires ont échoué à défendre les intérêts de la population qui demeure dans une souffrance sans nom.
Plusieurs habitants disent être fortement déçus par leurs élus qui, depuis la législature de 2018 et celle des élections qualifiées de "chaotiques" de 2023, ont échoué à leurs missions au nom et pour le compte de la population.
Des millions encaissés sur le dos de la population
Sadiki, cet habitant du village Lweza dans le groupement Bugarula, regrette de constater que ces députés bouffent des millions de dollars sans aucune initiative en faveur de la population.
« Certains sont au Parlement depuis 2006 et 2018, mais l'image de nos villages et groupements est toujours sombre », dénonce-t-il.
Il cite par exemple Akili Miruho Prospère, élu député national en 2018 sur la liste de l'UNC qui, depuis, n'a jamais initié une proposition de loi, ni pris la parole au perchoir de l'Assemblée nationale.
« Pendant 5 ans, il n'avait jamais plaidé pour les causes de la population d'Idjwi devant ses paires dans une plénière. Mais malheureusement, il est revenu en 2023 en soudoyant la population afin d'être réélu », dit-il.
Ntambuka Balekage Roger, aussi député provincial depuis 2006, navigue dans le même rythme sous une méconnaissance de la population qui ne comprend rien des obligations d'un député.
Des acteurs de la société civile d'Idjwi dénoncent des mandats parlementaires sans impact ni l'honneur pour la circonscription.
« Nous ne comprenons pas si réellement nous votons des députés comme dans d'autres coins de la République. Pendant plus de 10 ans, on est dans le même rythme, aucun impact ni résultat en faveur de la population », fustige un acteur sous anonymat.
Un autre, cite Théo Ngwabidje Kasi, ancien gouverneur de province du Sud-Kivu, qui a fini difficilement son mandat marqué par des scandales de divergences entre lui, son gouvernement, l'assemblée provinciale et la société civile.
Aujourd'hui à l'hémicycle national comme députés élus d'Idjwi, celui-ci n'a jamais pris la parole au perchoir afin de parler des « problèmes et besoins de la population de ce territoire insulaire ».
Ils sont tous dans la même danse
Shamavu, cet autre citoyen du groupement Mpene, note que ces députés n'ont jamais eu le souci de la base.
« Akili, Ntambuka, Rubenga, Ngwabidje et Rutera sont calmes alors que, depuis l'arrivée des replacés dans nos villages et aujourd'hui sous contrôle de l'AFC/M23, ils n'ont même pas adressé un mot à la population. Nous sommes seuls et abandonnés à notre triste sort », rappelle cet habitant.
Alors qu'ils n'organisent pas des vacances parlementaires, ces députés profitent de cette guerre pour gagner abondamment leurs millions et une excellente justification de la non-réalisation de cette obligation parlementaire.
« Par voie des radios et autres, d'autres députés assistent à la souffrance de leurs électeurs à travers leurs collaborateurs malgré la situation du conflit entre le régime de Tshisekedi et le mouvement armé AFC/M23. Ceux d'Idjwi, où sont-ils partis ? » Demande, Alice, à cette jeune fille de Nyakalengwa.
Le cahier des charges de la société civile, une lettre morte
Lors d'une rencontre organisée par la société civile d'Idjwi avec les députés en date du 31 août 2024, les acteurs et défenseurs de droits de l'homme avaient publié et remis un cahier de charges aux députés présents dans la salle, un cahier jeté dans les oubliettes depuis bientôt une année. Deux sur les 5 députés avaient participé à cet entretien démocratique en l'absence de Rutera Muhindagiga, Roger Ntambuka et Théo Ngwabidje.
Ce document contient la majorité des besoins de la population, pour lesquels ces élus devraient mener des lobbying, des plaidoyers et leur participation comme natifs du coin. Curieuse réalité, la réalité est autre.
Le besoin de la création d'une deuxième zone de santé dans la partie nord du territoire, les routes de desserte agricole, la route principale entre les deux chefferies, l'opérationnalisation du poste frontalier de Maganga et le projet de construction du marché transfrontalier de Muhumba, l'exploitation du gaz méthane dans le lac Kivu au bénéfice des communautés locales, la protection de l'environnement, la question des boissons fortement alcoolisées qui détruisent les jeunes sont parmi autant de besoins principaux de la population évoqués dans ce document.
Richelieu Byamana – LPA Sud-Kivu
0 Commentaire :
Laissez votre commentaire