Invasion des marchands burundais à Uvira : les commerçants congolais en alerte après le RECOS
Dans un contexte économique déjà fragile, les commerçants congolais observent avec inquiétude l’augmentation croissante de la présence des commerçants burundais sur les marchés d’Uvira, exacerbée par la mise en place du Régime commercial simplifié (RECOS).
Depuis l’adoption de ce régime le 30 octobre dernier, qui vise à faciliter le commerce transfrontalier pour les petits commerçants transfrontaliers de ces deux pays, avec 66 produits congolais et burundais concernés, de nombreux commerçants burundais ont investi les marchés congolais, notamment le marché zaïrois Maendeleo, Kalimabenge et d’autres marchés pirates de Kiromoni à Kalimabenge avec leurs produits, allant jusqu’à vendre des articles au détail de manière similaire à leurs homologues nationaux.
Cette dynamique a suscité de vives inquiétudes parmi les commerçants locaux, qui estiment que cette situation représente une concurrence déloyale et un manque à gagner significatif pour l’économie congolaise.
« C’est devenu presque impossible de rivaliser avec les prix des marchandises burundaises, surtout parce qu’ils semblent pouvoir se permettre de vendre à des tarifs très compétitifs et étalent un peu partout leurs marchandises comme des detaillants », explique au reporter de La Presse africaine un commerçant dans le marché congolais (zaïrois) d’Uvira ce lundi 25 novembre 2024.
Ces plaintes, relayées par plusieurs acteurs du marché, mettent en lumière un problème structurel que la communauté locale va peiner à résoudre.
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En réaction à cette situation, certains leaders de la société civile avaient précédemment plaidé pour une régulation stricte des pratiques commerciales des étrangers sur le territoire congolais. C’est notamment la nouvelle société civile congolaise axe sud de la province du Sud-Kivu qui avait souligné la nécessité d’une approche équilibrée qui protégerait les intérêts des commerçants locaux tout en respectant les accords de libre-échange entre les deux pays.
Cette situation met en exergue les défis que doit relever la RDC dans la mise en œuvre de ses politiques économiques, ainsi que l’importance d’un cadre réglementaire adapté pour encadrer les échanges commerciaux entre États voisins.
D’ailleurs, c’était une recommandation faite par la représentante des petits commerçants transfrontaliers congolais lors des cérémonies de lancement du RECOS à la frontière congolo-burundaise de Gatumba en présence de Julien Paluku Kahongya, ministre du commerce extérieur de la RDC, et Marie-Chantal Nijimbere, ministre burundaise du commerce, du transport, de l’industrie et du tourisme.
C’est dans ce cadre que les commerçants congolais appellent à une intervention des autorités.
Toutefois, la question demeure de savoir comment le gouvernement parviendra à concilier l’ouverture des marchés et la protection des intérêts locaux, dans un environnement commercial de plus en plus globalisé.
Pascal Bahunde – LPA Sud-Kivu
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