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lpa | 04 novembre 2025 | 352 vues

Sud‑Kivu : grève des infirmiers après une marche pacifique, « salaires et primes » au cœur de l’action

Après une marche pacifique tenue lundi 3 novembre 2025, les infirmiers de toutes les zones de santé de la province du Sud‑Kivu ont déclenché une grève sèche pour exiger du gouvernement congolais des mesures urgentes en faveur de leurs conditions de travail et de rémunération.

La démarche fait suite à une assemblée générale tenue le 21 octobre dernier à la coordination provinciale de la Nouvelle société civile congolaise (NSCC), où les revendications ont été assorties d’un mémorandum adressé aux autorités.

Devant une délégation reçue au gouvernorat, le porte‑parole de l’ensemble des infirmiers a lu un texte cinglant dénonçant des salaires « indécents », des primes « irrégulières et inexistantes » et la situation dramatique des agents non mécanisés qui « travaillent dans des conditions inhumaines, sans reconnaissance officielle de l’État ». Selon le porte‑parole, certains agents ont accumulé jusqu’à 10 mois d’arriérés de paiement, tandis que les remplaçants atteignent des retards allant jusqu’à 20 mois.

Il a également rappelé la montée de l’insécurité liée à la présence de groupes armés, en particulier le M23, accusé de menacer la paix et la sécurité tant des populations que des prestataires de santé. Dans plusieurs zones, des infirmiers exercent « sous la menace d’armes », certains ayant été enlevés, battus, voire tués dans l’exercice de leurs fonctions.

Les infirmiers expliquent que la faiblesse et l’irrégularité des paiements privent leurs enfants d’accès à l’enseignement et fragilisent l’équilibre des familles. Pour obtenir gain de cause, les revendications portées dans le mémorandum comprennent notamment :

  • la majoration des primes et salaires de risque à un minimum de 600 000 francs congolais (soit environ 200 USD) ;
  • le paiement des arriérés (10 mois pour certains agents, 20 mois pour les remplaçants) ;
  • la mécanisation des nouvelles unités et l’alignement salarial des agents concernés ;
  • la reprise des paiements des agents gelés à la TNB et à Equity Bank ;
  • l’affichage des listings pour démasquer les agents fictifs ;
  • la bancarisation de tous les infirmiers de la province ;
  • le paiement complémentaire de quatre trimestres pour l’année 2025.

Face à ces requêtes, le ministre provincial de la Santé, présent lors de la réception du mémorandum, a invité les infirmiers à reprendre le travail, assurant qu’il transmettra leurs doléances au ministère national de la Santé et aux autres autorités compétentes. Dr Walulika a lancé dans un bref message : « La place de l’infirmier n’est pas dans la rue. »

Les infirmiers ont toutefois annoncé qu’ils maintiendront leur grève jusqu’à l’obtention de réponses satisfaisantes à leurs revendications. Le climat reste à déterminer dans plusieurs zones de santé, où la suspension des activités des infirmiers risque d’aggraver l’accès aux soins pour des populations déjà fragilisées par l’insécurité et la pauvreté.

 

Pascal BAHUNDE – LPA Sud-Kivu



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