Sud‑Kivu : grève des infirmiers après une marche pacifique, « salaires et primes » au cœur de l’action
Après une marche pacifique tenue lundi 3 novembre 2025, les infirmiers de toutes les zones de santé de la province du Sud‑Kivu ont déclenché une grève sèche pour exiger du gouvernement congolais des mesures urgentes en faveur de leurs conditions de travail et de rémunération.
La démarche fait suite à une assemblée générale tenue le 21 octobre dernier à la coordination provinciale de la
Nouvelle société civile congolaise (NSCC), où les revendications ont été
assorties d’un mémorandum adressé aux autorités.
Devant une délégation reçue au
gouvernorat, le porte‑parole de l’ensemble des infirmiers a lu un texte
cinglant dénonçant des salaires « indécents », des primes « irrégulières et
inexistantes » et la situation dramatique des agents non mécanisés qui « travaillent dans des conditions inhumaines,
sans reconnaissance officielle de l’État ». Selon le porte‑parole, certains
agents ont accumulé jusqu’à 10 mois d’arriérés de paiement, tandis que les
remplaçants atteignent des retards allant jusqu’à 20 mois.
Il a également rappelé la montée de
l’insécurité liée à la présence de groupes armés, en particulier le M23, accusé
de menacer la paix et la sécurité tant des populations que des prestataires de
santé. Dans plusieurs zones, des infirmiers exercent « sous la menace d’armes
», certains ayant été enlevés, battus, voire tués dans l’exercice de leurs
fonctions.
Les infirmiers expliquent que la
faiblesse et l’irrégularité des paiements privent leurs enfants d’accès à
l’enseignement et fragilisent l’équilibre des familles. Pour obtenir gain de cause,
les revendications portées dans le mémorandum comprennent notamment :
- la majoration des primes et salaires de risque à un
minimum de 600 000 francs congolais (soit environ 200 USD) ;
- le paiement des arriérés (10 mois pour certains
agents, 20 mois pour les remplaçants) ;
- la mécanisation des nouvelles unités et l’alignement
salarial des agents concernés ;
- la reprise des paiements des agents gelés à la TNB
et à Equity Bank ;
- l’affichage des listings pour démasquer les agents
fictifs ;
- la bancarisation de tous les infirmiers de la
province ;
- le paiement complémentaire de quatre trimestres pour
l’année 2025.
Face à ces requêtes, le ministre
provincial de la Santé, présent lors de la réception du mémorandum, a invité
les infirmiers à reprendre le travail, assurant qu’il transmettra leurs
doléances au ministère national de la Santé et aux autres autorités
compétentes. Dr Walulika a lancé dans un bref message : « La place de l’infirmier n’est pas dans la rue. »
Les infirmiers ont toutefois annoncé
qu’ils maintiendront leur grève jusqu’à l’obtention de réponses satisfaisantes
à leurs revendications. Le climat reste à déterminer dans plusieurs zones de
santé, où la suspension des activités des infirmiers risque d’aggraver l’accès
aux soins pour des populations déjà fragilisées par l’insécurité et la
pauvreté.
Pascal BAHUNDE – LPA Sud-Kivu
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